Un jour, j’ai ouvert la porte de mes rêves les plus fous, de mes envies, de mes projets et mes espoirs. Un jour j’ai ouvert cette porte, et oui j’ai pris un risque en ouvrant l’une des portes de mon âme. Le passage se fait. J’ai fait un pas en avant, et en un instant je me suis retrouvée dans l’immensité de tous les possibles, je me suis alors délectée de cette sensation de liberté et de puissance en moi. J’ai observé, mis en place, espéré et surtout attendu … J’attends que ce que j’attends se réalise, peut-être plus tard, toujours plus tard car ça finira forcément par arriver. Je survole ma ligne du temps, à un endroit bien précis et je peux apercevoir un peu flou au loin mes projets, mes envies, mes rêves, ils sont là loin devant moi, à l’horizon, je les observe, je me dis qu’il me suffit d’avancer un pas à la fois, un battement d’aile à la fois, pour qu’ils m’apparaissent plus clairement.
Alors que le temps “passe” en me frôlant à peine, petit à petit l’immensité se fait moins immense, un peu comme si les parois de mes pensées se rapprochaient, mes ailes s’affaiblissent, des murs invisibles se rapprochent, je ne les vois pas mais je peux les ressentir. Il fait un peu sombre. Avec ces murs invisibles apparaissent des croyances qui viennent me remplir l’esprit comme pour me protéger. Je me convaincs que c’est rassurant. Petit à petit, je me rends compte qu’en ouvrant la porte avec confiance à tous les possibles, j’ai aussi mis un pied dans l’obscurité.
Ma fameuse part d’ombre, celle que je sais que j’ai en moi mais que je ne veux pas voir parce que ma volonté bien théorique à moi est de rester dans la lumière de l’immensité, celle que je pense si bien connaître et dans laquelle je me sens bien. Je prends alors conscience que ma volonté ne suffit pas, constatation qui me déçoit profondément, et m’absorbe encore un peu plus dans l’ombre qui est mienne. Je perds peu à peu confiance. Je m’obstine alors dans la croyance que si j’attends encore un peu, il se passera “quelque chose” qui me ramènera vers cette lumière, qui m’aidera à retrouver mes ailes, vers la matérialisation de mes envies, mes projets, mes rêves. “Quelque chose” venant forcément de l’extérieur et qui va apparaître d’un coup de baguette magique… J’attends, mais quoi, mais qui, et comment reconnaître cette “chose” ?
Les événements s’enchaînent rapidement et se bousculent sur le fil de mon espace-temps, sans me demander mon avis, et me poussent encore un peu plus dans une obscurité où tout autour de moi se rétrécit. Je deviens équilibriste sur ce fil instable et ma seule pensée est de rester concentrée pour rester là où je suis, pas de mouvement brusque, s’arrêter de respirer, ne pas tomber, ne pas voir ce qu’il y aurait plus bas, plus profond, tout au fond de moi. Je me concentre à regarder mes pieds pour ne pas tomber. Je serais incapable de voler, mes ailes sont trop fragiles. Je ne vois plus l’horizon de la ligne du temps, de là où je me trouve, je ne vois plus rien. Juste moi, toute seule avec moi-même, toute petite au milieu d’un chaos sociétal dans lequel je préfère rester immobile et surtout invisible. Je suis figée en équilibre instable. Il ne se passe alors plus “rien”. Mis à part que le temps continue de “passer” à côté de moi, tel une ombre au tableau, il ne se passe “rien”. Il me frôle sans me bousculer. Il n’y a plus rien ni personne.
Confinement. Je reste enfermée, cloisonnée, en soi-disant sécurité des attaques virales réelles et virtuelles du monde extérieur, parce que “les autres” dehors ont dit que c’était mieux. Confinement … moi avec moi dans mon obscurité, en totale insécurité intérieure. Le vide sous les pieds. Et tout autour de moi, rien. Temps de pause qui paraît irréel tellement il est plein de rien.
Et si ce “rien” était une opportunité ? Cette pensée m’a un jour traversé l’esprit furtivement sans prévenir, comme une petite étincelle sortie de nulle part qui vous fait sursauter et déclenche un léger mouvement d’ailes. Et là où il y a mouvement, il y a de la vie. Frisson intérieur, je suis donc en vie. C’est alors qu’à cet instant, sur ma ligne du temps, “quelque chose” s’est éclairé, comme un flash en moi, une douce chaleur, et un léger mouvement s’est opéré, “quelque chose” a changé. Et si c’était “ça”, ce “quelque chose” que j’attendais dans le noir sombre de mon obscurité ?
Ma pensée fut telle une étincelle, et une étincelle est lumière, aussi infime soit-elle. Ma pensée est ma lumière. Il suffit donc que je me remette à penser, penser des étincelles… Aurais-je trouvé cette chose tant attendue ?
Alimenter mes pensées qui alimentent les étincelles qui éclairent mon fil du temps. Ce dernier peut alors s’élargir, se stabiliser et devenir sentier, puis chemin. Plus le chemin s’éclaire, plus il devient large et moins j’y vois de limites. Changement de perspective. Les murs invisibles s’écartent pour se dissoudre, et l’espace se fait plus grand. Les rêves, les projets qui étaient plongé dans l’obscurité tout au bout du fil de mon horizon font maintenant partie intégrante de ce nouvel espace. Ils n’avaient pas disparu. Je me rends compte qu’ils n’ont pas bougé en fait, ils ne faisaient que patienter à l’intérieur de moi. J’attendaient qu’ils viennent à moi, et eux attendaient juste que je les voie, que je les mette en lumière avec mes pensées d’étincelles, celles de mon âme toute entière. Ils sont là où je les éclaire, ni trop loin ni trop près, juste là dans mon espace, là où j’en ai besoin. Je recrée mon espace à la lumière de ce que je suis. Je fais de la place. Je sais aujourd’hui qu’il est illusoire d’attendre cette “chose” salvatrice extérieure qui en fait n’existe pas et ne viendra donc jamais, s’il n’y a pas de place.
Ce voyage initiatique dans ma part d’ombre m’a appris qu’il est de ma responsabilité d’éclairer le chemin que je choisis. Ni rien ni personne ne viendra le faire pour moi, l’attente est illusoire.
A partir du rien se complète le tout. L’immobilité intérieure est nécessaire pour retrouver la capacité d’enclencher le juste mouvement, ce tout petit battement d’ailes. Plonger dans l’obscurité m’a permis de voir l’étincelle que je n’aurais pas vue s’il faisait trop clair. L’ombre n’existe pas sans la lumière. La lumière n’existe pas sans l’ombre. Elles font partie intégrante de ce que je suis. N’ayez pas peur de l’obscurité, vous dit la petite fée.
Les événements et les personnes que nous rencontrons amènent dans nos vie le rayonnement d’un soleil, d’un feu d’artifice, ou d’une étoile filante qui sera par définition juste de passage. Cette perception de la lumière nous ramène à la perspective du temps. Le soleil paraît le plus puissant, le plus lumineux, le plus éblouissant mais il est tout aussi éphémère. Il se cache chaque soir et laisse place à l’obscurité pour vous permettre de profiter du feu d’artifice et puis surtout pour vous donner l’opportunité de voir les étoiles filantes. Peu importe la perception de l’intensité de la lumière, la particule de lumière est la même, la lumière “est” … Donc je suis. Donc tu es. Donc vous êtes.
Alors rencontrer une étoile filante dans la nuit noire de votre âme est une étincelle. Une étincelle éphémère et tellement belle, qui peut à elle seule alimenter un brasier de lumière.
On ne peut pas confiner une fée qui prend soin de ses ailes.
Isabelle | Terrappy.be |